Champ de Bataille

Que se passa  t’il entre le Xème  et le XVIIème siècle?? màj mars 2016

 

Michel de Decker, historien contemporain bien connu de la Normandie ne cite le lieu dans « Les grandes Heures de la Normandie » ( Ed Librairie académique Perrin 8, rue Garancière Paris 1988) que pour s’interroger sur l’origine du nom. Une bataille, dit-on, aurait opposé, ici, le comte du Cotentin à Guillaume Longue Epée dans les premières années du  X° siècle, ou le château aurait-il été construit sur le terrain de Monsieur Bataille ? telle est la question, le deuxième terme de l’alternative semblant avoir sa préférence.  Notons toutefois qu’un épisode guerrier entre le comte du Cotentin et Guillaume Longue Epée, fils de Rollon ( le viking du Traité de Saint Clair sur Epte de 911) ici ou ailleurs est plus que probable, ce dernier ayant largement agrandit les terres concédées à son père par Charles le Simple, notamment le Cotentin et le Bessin avant 933, qui ne comprenaient initialement  que les abords de la Seine.  Cette guerre d’expansion vers l’Ouest, après une tentative d’expansion à l’est vers Beauvais, Amiens et les Flandres, qui s’était soldé par un échec porte le nom de Guerre de Riouf, du nom du viking  du leader des vikings de l’Ouest(norvégiens venus via l’Irlande). Le Neubourg et donc le lieu où sera plus tard implanté le château du Champs de Bataille pouvaient donc se trouver en frontière des zones d’influence  respectives des viking christianisés du descendant de Rollon et des barbares païens du Cotentin et/ou du Bessin. Mais l’autre branche de l’alternative n’est pas non plus impossible. Nous connaissons d’ailleurs un Pierre Bataille, qui fût  prieur à L’Abbaye du Parc à Harcourt  en 1648 et qui signera le 20 juin 1648 le Concordat par lequel Messieurs de Sainte Geneviève  de Paris obligent le religieux du Parc à être toujours au moins 8, « sans celui de la chapelle ND de la consolation » (futur hospice) et dont on sait qu’en 1694 « il donne 2 pistol à Mme de Brancas pour « son Œuvre » (création de l’hospice) 1  Mais, dans son incontournable « sur les Routes normandes »  ( 1933 Ed Maugard 86, Bld des BelgesRouen) Edmond Spalikowski, lui, ne s’attarde que très peu de temps sur le Château du Champs de Bataille. Juste de temps de réfuter un quelconque lien avec un « conflit sanglant » quelconque au profit du nom patronymique du propriétaire de terrain sur lequel a été construite « l’opulente demeure », qui, selon l’auteur «  atteste la magnificence d’Alexandre, comte de Cléry Créqui » qui la fit élever au XVII°siècle. Il nous indique ensuite, bien sommairement, que « La maison d’Harcourt » plus tard y incrustera son blason. Ce qui frappe cet auteur est avant tout « le mur de briques à chaînage de pierre, précédant le château, le portail à pilastre corinthien et la galerie couverte en terrasse ». Il souligne plus loin que « la décoration toute originale de cette demeure que des bustes et statues mutilés à la Révolution achèvent d’agrémenter, n’empêche point d’admirer les dépendances du verger où la déesse des maraîchers fait bon ménage avec les sylvains des bois voisins ».

Gilles Malgrain